Another Day in Paradise
Another Day in Paradise
México, 2020-2021
"Hace un momento me pareció que lo que había hecho estaba previsto hace diez mil años; después creí que el mundo se abría en dos partes, que todo se tornaba de un color más puro y los hombres no éramos tan desdichados."
Roberto Arlt, El juguete rabioso, 1926.
La serie de pinturas Another Day in Paradise comenzó a tomar forma en la primavera de 2020, cuando la pandemia detuvo las actividades cotidianas y abrió un espacio de tiempo propicio para adentrarse en la Sierra del Tepozteco, la montaña que resguarda nuestro pueblo.
Desde las alturas, este macizo se revela como un universo vertical, abrupto y en apariencia hostil, marcado por acantilados y barrancas. En temporada de lluvias, la exuberancia vegetal lo transforma en un laberinto impenetrable.
Las caminatas se convirtieron en un intento de enlazar cumbres, crestas, pendientes, afloramientos, senderos, arroyos, pozas, cascadas y cañones. En cada recorrido fuimos trazando un mapa mental en constante expansión, siempre en busca de un rumbo. El ejercicio físico y silencioso, llevado hasta el agotamiento, adquirió la forma de una meditación. Perderse era parte del camino: caminar como resistencia frente a la mercantilización de la existencia, como un instante de olvido.
De esas experiencias surgen las líneas de estas pinturas: gestos instintivos, casi ciegos, que van delineando la arquitectura de las exploraciones a cielo abierto. Los contornos de las montañas y de los senderos ocultos aparecen entre curvas sinuosas que condensan los estratos de un paisaje recorrido en desvíos, rodeos y retornos infinitos.
Another Day in Paradise
Mexico, 2020-2021
"A minute ago it seemed that what I had done was foreseen ten thousand years ago; then suddenly I believed the world was breaking into two halves, that everything was turning a purer color, and that we human beings were not so wretched after all."
Roberto Artl, The mad toy, 1926
The series of paintings Another Day in Paradise began to emerge in the spring of 2020, when activities came to a standstill because of the pandemic. That opened a time window which enabled an in-depth exploration of the mountain range that towers over our village, the Sierra del Tepozteco.
Seen from above, it is a vertical universe that seems hostile to walking, full of cliffs and ravines. During the rainy season, the lush abundance of vegetation makes the whole area look like an impenetrable labyrinth.
The aim of these walks is to gradually connect the different peaks, ridges, inclines, outcrops, paths, streams, pools, waterfalls, and canyons. During these expedition days, we create a mental map that grows nonstop. We are constantly looking for the way. The physical and silent exercise, to the point of exhaustion, becomes a form of meditation. We often get lost. Thus, walking becomes a form of resistance against the commodification of existence: a temporary amnesia.
It is the recollection of these experiences that guides the drawing of the lines in these paintings: instinctively, almost blindly. Little by little, they outline the architecture of those open-air explorations: they draft the contours of the mountains and hidden pathways that we climb while breathing and descend while suffering. Here then, in these sinuous curves, we find the strata of a landscape explored in endless detours, by-passes and U-turns.
Another Day in Paradise
Mexique, 2020-2021
"La vie est si grande. Il y a un instant, il m’a semblé que ce que j’avais fait était prévu depuis dix mille ans ; après j’ai cru que le monde se fendait en deux, que tout prenait une couleur plus pure et que nous autres hommes n’étions plus si malheureux."
Roberto Arl, Le jouet enragé, 1926
La série de peintures Another Day in Paradise commence à voir le jour au printemps 2020. L’arrêt des activités lié à la pandémie ouvre une fenêtre temporelle propice à une exploration exhaustive – et jusqu’ici sans cesse repoussée- de la chaîne de montagnes qui surplombe notre village : la Sierra del Tepozteco.
Vu d’en bas, c’est un univers vertical qui semble hostile à la marche, pétri de falaises et percé de ravins. Durant la saison des pluies, la luxuriance de la végétation donne à l’ensemble des allures de labyrinthe impénétrable.
Le but de ces marches est de parvenir à connecter les différentes cimes, crêtes, pics rocheux, sentiers, ruisseaux, cascades et canyons. Au fil de ces journées d’expédition, nous nous créons une carte mentale qui s’agrandit sans cesse. Constamment nous cherchons notre chemin. L’exercice physique et silencieux jusqu’à épuisement constitue alors une forme de méditation. Nous nous perdons souvent. La marche devient une résistance à la marchandisation de l’existence : une amnésie temporaire.
C’est la réminiscence de ces expériences qui guide le tracé des lignes de ces peintures : instinctivement, quasiment à l’aveugle. Elles dessinent peu à peu l’architecture de ces explorations à l’air libre : ce sont les contours des montagnes et leurs chemins que l’on monte en soufflant et redescend en souffrant. Voilà donc, à travers ces courbes sinueuses, qu’apparaissent les strates du paysage exploré, au fil de nos détours, contournements et demi-tours.